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Climat. La place financière suisse pollue vingt fois plus que le pays tout entier

La Suisse est priée de verdir ses banques. En misant sur le pétrole, les établissements financiers émettraient vingt fois plus de gaz à effet de serre que l’ensemble du pays. Les Nations unies réclament des comptes sur cette mauvaise politique climatique.


La semaine dernière, le Comité des droits de l’enfant de l’ONU a interpellé la Suisse sur son manque d’ambition climatique. Au vu des émissions de gaz à effet de serre (GES) que le pays libère actuellement, il ne pourra pas respecter ses objectifs pris en ratifiant l’Accord de Paris, en 2015.

Qui grève le bilan carbone de la Suisse ? La place financière. À elle seule, elle « émet environ vingt fois les GES de toute la Suisse », alerte Martina Rapp, présidente de Swiss Youth for Climate, l’émanation nationale du mouvement de Greta Thunberg.


Dans le pétrole de schiste américain

Pour être clair, ce sont les investissements des banques et autres fonds dans des activités pas très « propres » qui sont visés. Le Crédit suisse, par exemple, a mis des billes « dans l’extraction du pétrole de schiste américain », nous apprend Laurent Horvath, géo-économiste suisse de l’énergie. Ainsi qu’UBS, la Banque nationale et des fonds de pension suisses.

Attaqué en 2017 pour sa participation à l’oléoduc qui avait provoqué la colère de la tribu sioux de Standing Rock, le Crédit suisse avait « rejeté vivement » ces accusations. Mais en 2018, cette institution se hissait encore à la 14ème place des entreprises qui investissent dans le pétrole et le gaz, dans le classement de la Rainforest Action Network.

Une hérésie pour ce spécialiste qui suit les variations des prix du baril et plaide pour « une sortie rapide des produits pétroliers », au nom du climat, du placement sûr et… de la cohérence : « Le président de la Confédération a annoncé 109 millions d’euros d’investissements, en 2018, dans les projets de réduction de CO2… » L’impôt des citoyens doit lutter contre une pollution que les institutions financières publiques subventionnent !


Davantage d’asthme infantile

Le secteur financier provoque d’autres émissions indirectes, mais plus locales. Banquiers et hommes d’affaires, pressés, privilégient l’avion pour leurs déplacements. Résultats, les émissions liées au trafic aérien représentent à elles seules 10,6 % des émissions totales de la Suisse. Elles ont plus que doublé depuis 1990, avec un pic annuel à la fin janvier, pendant le Forum économique mondial de Davos.

Les ONG suisses assurent que cette « pollution azotée est responsable de 14 % de nouveaux cas d’asthme infantile chaque année ». Et dénonce le fait que la Confédération « n’a pas communiqué le dépassement de valeurs limites de certains polluants, en 2018, exposant les plus vulnérables à des dangers non négligeables ».

Aussi, les militants vont suivre de près les suites de l’interpellation des Nations unies : « Le gouvernement doit répondre de ce manquement aux obligations en matière de droits de l’homme, explique Sébastien Duyck, juriste au Centre pour le droit international de l’environnement. La Suisse ayant signé la Convention des Nations Unies sur les droits de l’enfant. »


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