Coronavirus: la situation très particulière de la Suisse
- Frontalier France Suisse
- 20 avr. 2020
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Alors que la Suisse est l’un des pays qui compte le plus de cas de Covid-19 rapportés à sa population, le pays s’apprête à débuter son déconfinement malgré une gestion du virus qui divise le pays. Explications.

Le 16 avril, le conseil fédéral suisse a annoncé dans un communiqué préparer un déconfinement “lent” et “progressif” à partir du lundi 27 avril. Si la Suisse est l’un des pays qui comptabilise le plus de cas recensés de coronavirus par rapport à sa population, le pays a décidé “d’assouplir les mesures de protection de la population contre le nouveau coronavirus” après avoir étudié l’évolution de l’épidémie et les recommandations des scientifiques. Malgré des mesures moins strictes qu’en France, il semblerait que nos voisins suisses aient bien contenu l’épidémie.
Comment se déroulera-t-il ?
Dès le 27 avril les hôpitaux pourront de nouveau pratiquer toutes les interventions, y compris celles qui ne sont pas urgentes et les cabinets médicaux pourront rouvrir. Idem pour les salons de coiffure et de massage et les instituts de beauté, ainsi que les magasins de bricolage, les jardineries, les pépinières et les fleuristes. Le conseil fédéral rappelle que ces établissements pourront rouvrir uniquement si la sécurité des clients et des employés est garantie. S’il n’y a pas d’augmentation significative du nombre de malades, l’école obligatoire et les autres magasins rouvriront leurs portes le 11 mai. Enfin, les autres établissements scolaires, les musées, les zoos et les bibliothèques ne devraient pas rouvrir avant le 8 juin.
Réouverture des frontières
De plus, avant même le début de ce déconfinement progressif, la Suisse a décidé de rouvrir quatre points de passage à la frontière franco-suisse dès ce lundi 20 avril. Des points ouverts du lundi au vendredi (sauf les jours fériés) de 6h à 9h dans le sens France-Suisse et de 17h à 19h dans le sens Suisse-France.
Une gestion qui divise
Si la Suisse semble bien gérer l’épidémie de coronavirus, un véritable fossé se creuse entre la Suisse alémanique et la Suisse latine. Si certains estiment que la Suisse a tardé à prendre des décisions contrairement à l’Allemagne ou l’Autriche, d’autres estiment que le déconfinement arrive trop rapidement.
Daniel Koch, directeur du département “Maladies transmissibles” de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) depuis 2008, illustre ce fossé entre la Suisse alémanique, qui le soutient en raison de sa bonne gestion de l’épidémie, et la Suisse latine, qui estime qu’il n’a pas réagi suffisamment tôt pour arrêter la vague. Comme le rapporte le média local Blick, lorsque la Suisse alémanique parlait déjà de relancer l’économie, le “confinement total” calqué sur la France était encore en discussion en Suisse romande.
“Un fracture qui s’accentue”
Même son de cloche de la part des médias du pays qui sont aussi divisés. Quand Le Temps, seul quotidien généraliste francophone national du pays, résume la situation de la manière suivante : “D’une part, il y a les cantons francophones et le Tessin, qui sont déterminés à tout faire pour ralentir la propagation de Covid-19, et d’autre part, les cantons suisses allemands sont hésitants.” Le Tages-Anzeiger accuse de son côté Genève, mais aussi dans le Vaud et le Valais, d’être prêts à se “soumettre aux commandes du Palais de l'Elysée à Paris”.
Des propos révélateurs d’une “facture qui s’accentue entre partisans du ‘plus vite’ et du ‘moins vite’, en Suisse comme en Europe”, comme le rapporte le journaliste suisse Darius Rochebin, présentateur du journal télévisé de la Radio télévision suisse (RTS)depuis 1998.
Des chiffres saisissants
En observant les chiffres du nombre de morts du Covid-19 par habitant dans les différents cantons de la Suisse, on s’aperçoit que le canton de Tessin, la Suisse italienne, est le plus frappé (53,5 pour 100 000 habitants). Derrière se trouvent la Suisse romande (ou francophone) (24,7 pour 100 000 habitants) et la Suisse alémanique (6,2 pour 100 000 habitants). Une différence conséquente qui n’est pas sans rappeler la différence du taux de mortalité entre l’Italie, la France et l’Allemagne.
Olivia Keizer, épidémiologiste à l'Université de Genève, explique à Blick que le temps a joué un rôle important dans ces chiffres : “L’épidémie a commencé plus tôt au Tessin et en Suisse romande. La Suisse alémanique disposait ainsi d’un avantage de temps.” De plus, le Tessin est très proche de la Lombardie et la population est plus âgée que dans le reste de la Suisse et donc plus vulnérable.
Alain Berset, membre du Parti socialiste suisse, explique à TV5 Monde que les manières de vivre en société sont différentes en fonction des cantons, ce qui pourrait expliquer que la Suisse alémanique soit moins impactée : “D’une part nous constatons qu’on a plus souvent des générations qui vivent mélangées dans la partie latine du pays. C’est certainement le cas au Tessin et en Suisse romande plus qu’en Suisse alémanique où l’on vit de manière peut-être un peu plus séparée.”
De son côté, la Suisse romande, qui représente 26% de la population du pays, compte 547 décès, soit 49% des morts enregistrés dans tout le pays.
Si la Suisse alémanique semble donc être prête pour entamer le déconfinement “lent” et “progressif” annoncé par le conseil fédéral, rien n’en est moins sûr pour le Tessin et la Suisse romande.
Source: NewsYahoo.fr
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