L’Italie et la Suisse en tête de la contamination mondiale
- Frontalier France Suisse
- 23 mars 2020
- 7 min de lecture
La France est passée au confinement ; nous n’y sommes que depuis 4 jours et l’épidémie continue de progresser dans notre pays… Les mesures se durcissent, les sanctions aussi et beaucoup de personnes se demandent combien de temps cette étape durera ?

Source: Agoravox.fr
Les sources L’organisation mondiale de la santé édite chaque jour un rapport sur le nombre total de cas de contamination relevé dans les pays qui fournissent des statistiques et le nombre de morts attribués au Covid-19[1]. Cependant, il semble que de plus en plus de pays soient tentés par la non transmission des informations pour éviter les phénomènes de « paniques ». Des pays comme le Mexique (128 millions d’habitants) ont toujours des chiffres étonnament bas… Les chiffres fournis jusqu’à l’avant dernier jour proviennent en général de l’OMS ou de l’ECDC[2] Les chiffres du dernier jour ne sont fournis que par l’université américaine John Hopkins qui édite une carte interactive de la contamination mondiale[3] . La quasi totalité des chiffres qui sont fournis par les chaines de télévision proviennent de l’Université John Opkins et quelquefois ceux-ci peuvent être surévalués. On s’en rend compte le lendemain quand on constate qu’ils ont baissé leurs chiffres.
Je consulte également le Center for Desease Control and Prevention (CDC) qui fait le point chaque jour sur la progression du virus aux USA[4] et le European Centre for Desease Prevention and Control (ECDC) qui fait de même pour l’ensemble du monde.
Le confinement : combien de temps ?
Les médecins chinois qui sont les premiers a avoir fait des études sur la propagation du virus ainsi que les équipes médicales internationales qui y ont été étudier le phénomène, semblent aujourd’hui convenir que l’infection se transmet non seulement au travail, dans la rue, les transports mais aussi beaucoup en famille. Il est donc évident que le confinement en famille à la maison, contribue à la contamination. Les études réalisées semblent montrer qu’une grande partie de la contamination (on avance plus de 80%) n’est pas le fait de personnes contaminées malades mais des « porteurs sains » c’est-à-dire bien souvent les enfants et les adolescents qui sont contaminés à l’école et le transmettent à la maison à leurs parents et grands-parents. Ces « porteurs sains » seraient moins contagieux mais beaucoup plus nombreux que les personnes malades (on avance jusqu’à 6 fois plus nombreux).
Conséquence, la Chine a arrêté de renvoyer chez eux (comme nous le faisons) les patients contaminés présentant les symptômes les moins graves, où ils contaminent leurs proches. « A partir de mi-février, la ville la plus touchée a transformé stades, écoles et centres de congrès en une quinzaine de lieux d’isolement pour les malades présentant des symptômes bénins. Des hôtels sont aussi réquisitionnés. Plus question de rester chez soi et de contaminer ses proches. Pour éviter une nouvelle vague de contaminations, les autorités ont mis en place des contrôles très stricts aux aéroports, avec quatorzaine obligatoire dans des hôtels réquisitionnés pour l’occasion ou au domicile des personnes. Les voyageurs arrivant dans les grandes villes chinoises suivent un parcours balisé pour enregistrer leurs informations, avant d’être envoyés en bus jusqu’à leur résidence où les comités de résidents les accompagnent jusqu’à leur domicile, qu’ils ne doivent pas quitter pendant deux semaines, sous peine d’amende ou d’emprisonnement. »[5]
C’est de cette façon que la Chine a pu passer de plus de 2 000 infections par jour mi-février à quelques centaines, puis quelques dizaines début mars et aujourd’hui quelques unités.
Mais si les premières mesures de confinement ont été prises à partir du 23 janvier, ce n’est que plus d’un mois plus tard que les chiffres de contamination et de mortalité ont véritablement commencé à vraiment baisser.
Il ne faut donc pas s’attendre à un arrêt des mesures de confinement avant début mai voire plus. Un arrêt prématuré de ces mesures ne conduirait qu’à une reprise de l’épidémie comme on peut le constater depuis 2 mois dans certains pays.
L’absence de détection en Amérique du sud et en Afrique Les chiffres communiqués sont le résultat des moyens de détection utilisés par chaque pays, mais aussi de la volonté de transparence (qui n’est pas toujours établie). On se doute que le nombre de cas confirmés dépendra de l’importance des moyens mis en œuvre pour détecter et enrayer la contamination. Jusqu’au 10 mars, les Etats-Unis semblait échapper à la contamination. On sait maintenant que celle-ci n’était simplement pas jusque-là, sérieusement mesurée. Après s’en être tardivement rendus compte et avoir accusé les européens, le président des Etats-Unis constate que les chiffres de contaminés ont actuellement dépassé en nombres de nombreux pays d’Europe. Le même phénomène se produit en Amérique centrale et du sud où on commence juste à prendre la mesure de la contamination (Brésil, Chili, Equateur ) Il semble que la détection soit proportionnelle à la volonté du pays de mettre en oeuvre une détection et une estimation sérieuse. Un pays comme le Mexique (129 millions d’habitants) ne déclare que 198 contaminés et 2 morts. Un chiffre bien évidemment faux qui ne fait qu’exposer sa population. Je ne parle pas de l’Afrique (où les Chinois sont pourtant très présents) et où l’épidémie n’est ni détectée, ni soignée.
Les proportions Plus de 47.000 contaminés en Italie sur 60 millions d’habitants ne représentent pas la même proportion que 81.400 contaminés en Chine sur une population de 1 milliard 440 millions d’habitants. La population de la Chine est 23 fois plus élevée que celle de l’Italie et son nombre de décès moins de 2 fois plus élevé. Pour réellement comparer la contamination par pays, nous avons indiqué dans le tableau ci-dessous, le taux de contamination par millions d’habitants. Celui de l’Italie est environ 14 fois plus élevé que celui de la Chine. La contamination est en voie de régression en Chine (voir les graphiques qui suivent), alors que celle de l’Italie continue de progresser à grande vitesse. J’ai également inclus la mortalité attribuée au Covid-19 par millions d’habitant. Celle de l’Italie est plus de 33 fois supérieure à celle de la Chine.

On trouve en tête l’Italie avec toujours de fortes hausses (778 habitants contaminés /millions d'habitants) suivie de la Suisse (647) dont la contamination monte très fortement et qui devrait d’urgence prendre des mesures, de l’Espagne (462), de l’Iran pays très tôt contaminé et qui semble connaître une nouvelle vague (248), de la Belgique (246) qui a dépassé la France, de l’Allemagne (221), qui elle aussi a dépassé la France en nombre de contaminés, de la France dont la contamination continue de progresser (189), de la Corée du Sud (170), autre pays anciennement contaminé mais qui comme la Chine aurait réussi à juguler la contamination, du Royaume Uni dont les chiffres restent faibles (60), des USA (59) qui ont dépassé la France en nombre de contaminés, mais ne l’ont pas dépassé proportionnellement et enfin du Japon qui à quelques milliers de kilomètres de la Chine continue de réussir à se protéger (si les chiffres transmis sont justes).
Mortalité par millions d’habitants (Ces chiffres sont établis sur les 21 premiers jours de mars) La aussi, le nombre de décès doit relativisé en fonction du nombre d’habitants. Sur cet indicateur, l’Italie domine très largement avec 67 décés (attribués au Coronavirus) par millions d’habitants suivie de l’Espagne (23),de l’Iran (19), de la France (6,7) devant la Suisse (6,5) et la Belgique (5,9). Les pays francophones sont groupés. Le Royaume Uni (2,7), est devant la Chine (2,3) et la Corée du Sud (2,0). Les USA (0,8) sont à égalité avec l’Allemagne (0,8). dont on se demande comment elle parvient à garder un aussi faible taux de mortalité avec une population plutôt vieillissante et un aussi grand nombre de personnes contaminées Comme pour la contamination, le Japon est en dernière position des pays pris en compte ici (0,3).
Ratio mortalité sur contamination Il s’agit du nombre de morts attribués au covid-19 par le nombre de personnes contaminés. C’est ce dont on parle quand on évoque la mortalité d’une pandémie. L’Italie est très largement devant les autres pays avec 8,57% de personnes contaminées qui sont décédées, devant l’Iran (7,55%), L’Espagne (5,07%) le Royaume Uni qui a beaucoup monté (4,43%). La Chine dont la mortalité a très légèrement monté (4,01%) est juste devant la France (3,56%) et devant le Japon (3,48%) dont le ratio est curieusement fort du fait d’une mortalité totale assez forte (35) pour un nombre total de contaminés assez faible (1007). On trouve ensuite la Belgique (2,38%), les USA (1,32%), la Corée (1,16%), la Suisse (1,01%) et en dernier l’Allemagne dont on voudrait connaître la recette (0,38%).

Ce tableau nous indique le rythme actuel de contamination et de décès de ces pays C’est un indicateur que je vais continuer à donner pour permettre de voir si nous accélérons ou si nous ralentissons.
Graphiques des nouveaux cas de contamination et décès par jours du 1 au 21 mars Les graphiques d’évolution de la contamination sur le mois de mars laissent apparaître les tendances sur chaque pays et parfois aussi les erreurs des gouvernements :

En Chine, le graphique montre le contrôle de l'épidémie et sa très faible progression comparativement à janvier et février. La contamination est passée mi-février de plus de 2 000 infections par jours à quelques centaines, puis quelques dizaines début mars et aujourd’hui à quelques unités. Cependant sur les 2 derniers jours on note une petite reprise.

En Italie, la contamination continue de s’accroître (+ 15 000 nouveaux cas en 3 jours) et les décès s'accumulent (+1527 sur les 3 derniers jours). La situation du pays continue de se dégrader. Les décès par jours étaient aux alentours de 150-200/jours vers le 11 mars, ils sont aujourd’hui plus de 400 à 600/jours. L’Italie est de très loin le 1er pays au monde le plus contaminé proportionnellement à sa taille : 778 personnes contaminées par millions d’habitants (contre 56 pour la Chine) . Mais l'Italie a aussi dépassé le nombre total de morts de la Chine (4032 au 21 mars contre 3261 en Chine).

On parle beaucoup de l’Italie, mais personne ne parle de la Suisse et pourtant aujourd’hui, proportionnellement à sa population, la Suisse est le 2èmepays au monde le plus contaminé juste derrière l’Italie avec 647 personnes contaminées par millions d’habitants. La Suisse a, proportionnellement à sa population, une contamination 3,4 fois plus élevée que la France. La contamination a progressé à un rythme très élevé et sur ces 3 derniers jours, on dénombre près de 3000 nouveaux contaminés. C’est beaucoup pour un pays d’un peu plus de 8 millions d’habitants. Il est urgent que ce pays prenne des mesures radicales.

Comme l’Italie, la Suisse et l’Espagne, la France fait partie des « mauvais élèves » en termes de contrôle de l’épidémie et elle continue de progresser à un rythme qui s’accélère très rapidement. Ce rythme était le 11 mars d’environ 400 contaminés/jours, de 800 contaminés/jours le 15 mars et de 1700 contaminés/jours aujourd’hui. 5000 nouveaux contaminés en 3 jours alors que nous étions déjà en confinement…
Source: Agoravox.fr
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