Le chômage a atteint un niveau inédit en Suisse
- Frontalier France Suisse
- 14 févr. 2021
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Le nombre de chômeurs a bondi de 40,3% l’année dernière en Suisse. Ce bilan aurait été plus marqué si la Confédération n’avait pas eu recours aux réductions d’horaires de travail.

Source: tdg.ch
Bientôt un an après la mise en oeuvre des premières mesures de lutte contre la pandémie de coronavirus en Suisse, le chômage a atteint un niveau inédit depuis 2010. Toutefois, le recours aux réductions d’horaires de travail (RHT) a pour l’heure permis de limiter l’ampleur des dégâts.
Selon le dernier relevé du Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco), 169’753 personnes étaient inscrites auprès d'un office régional de placement (ORP) à fin janvier 2021, 6208 de plus que le mois précédent. Sur un an, le nombre de chômeurs a bondi de 40,3%, soit 48'735 personnes de plus.
Le taux de chômage a grimpé à 3,7%, contre 3,5% en décembre. En janvier 2020, soit avant la forte propagation du coronavirus en Suisse, il s’était fixé à 2,6%. Pour l’ensemble de l’année 2020, le taux de chômage annuel moyen s’est inscrit à 3,1%, en hausse de 0,8 point de pourcentage sur un an.
La RHT a permis de limiter la casse
Depuis les premières mesures de semi-confinement du printemps dernier, le recours massif au chômage partiel a permis de limiter la casse au niveau de l’emploi. Au plus fort de la crise en avril 2020, les mesures de RHT concernaient 1,3 million de personnes et les entreprises avaient même déposé des demandes pour 1,9 million d’employés.
A la faveur de l’allègement des mesures de lutte contre la pandémie durant l’été et l’automne, le recours aux RHT s’est nettement réduit pour ensuite reprendre fortement dans le contexte de la 2e vague. Selon les dernières données disponibles, le chômage partiel a bondi en novembre de 35,2% sur un mois, touchant 296'592 personnes.
Allègement des mesures
En tout, plus de 34’310 entreprises ont eu recours à cette mesure, soit un bond de 50,1%. Si le pic atteint au printemps 2020 est bien loin, Le chômage partiel devrait encore être utilisé cet hiver. Les entreprises des secteurs les plus touchés par les récentes restrictions ordonnées par le Conseil fédéral, soit de l'hôtellerie et de la restauration, puis du commerce de détail dès janvier, devraient y avoir recouru.
Selon Boris Zürcher, le chef de la Direction du travail des services du conseiller fédéral Guy Parmelin, environ 72’000 entreprises ont déposé des demandes pour 760’000 employés. Entre janvier et novembre 2020, près de 9,2 milliards de francs d'indemnités de chômage partiel ont été versées, dont 1,5 milliard pour l'hôtellerie-restauration et 1,3 milliard pour le commerce.
L’impact de la pandémie de Covid-19 sur les comptes de l’assurance-chômage devrait être intégralement compensé par le financement additionnel extraordinaire des indemnités de RHT par la Confédération, pour près de 11,0 milliards de francs. Le fonds de compensation de l’assurance-chômage devrait boucler 2020 sur un excédent de 190 millions de francs, contre 1,56 milliard en 2019.
Licenciements collectifs
Si le chômage partiel permet à des entreprises de survivre, le recours étendu à cet instrument n’évite pas les licenciements. Depuis mars dernier 420 entreprises ont procédé à des licenciements collectifs, lesquels ont touché 16'800 employés. En janvier, 32 entreprises y ont eu recours pour un peu moins de 1500 salariés.
Le Conseil fédéral a d’ailleurs récemment élargi avec effet rétroactif les mesures concernant les RHT en supprimant le délai d’attente et en permettant aux apprentis d’en bénéficier, tout comme aux employés au bénéfice d’un contrat à durée déterminée.
Pour cette année, le Seco prévoit un taux de chômage de 3,3%, puis un repli à 3% en 2022. Le Centre de recherches conjoncturel KOF articule de son côté des valeurs de 3,3% et 2,9%, alors que les économistes sondés par ce même institut se montrent plus pessimistes pour 2021 (3,8%), tout comme le Créa, institut rattaché à l’Université de Lausanne (3,7% en 2021 et 3,3% en 2022). En novembre, UBS anticipait un chiffre de 3,9%.
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